Vidéoprotection en entreprise: un sujet pas assez maîtrisé

04 octobre2023

La Gendarmerie Nationale connait parfaitement la réalité du terrain et a développé une véritable expertise en matière de sécurité électronique. A l’occasion du dernier salon Préventica de Toulouse, deux gendarmes référents sûreté de la région Midi-Pyrénées ont animé une conférence sur le sujet et notamment sur la vidéoprotection. Un exposé passionnant et qui montre que le sujet n’est pas assez maîtrisé par les entreprises  !

Vidéoprotection : un terme plus approprié

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Pour débuter leur intervention, les 2 gendarmes ont pris soin de rappeler tous les avantages des systèmes de vidéoprotection reconnus aujourd’hui :

  • la dissuasion ;
  • le développement du sentiment de sécurité auprès des salariés ;
  • la capacité de détection et d’intervention ;
  • la matérialisation des infractions ;
  • l’aide à l’identification.

Et c’est bien à dessein que les 2 spécialistes ont préféré parler de vidéoprotection plutôt que de vidéosurveillance. Pour eux, ce simple changement de terminologie a un impact significatif sur l’acceptabilité et la perception du système dans l’entreprise.

Vidéoprotection : quelles sont les limites ?

Selon leur retour d’expérience, les gendarmes ont observé une forte tendance au « suréquipement » pas toujours justifiée par rapport aux risques encourus par l’entreprise.

Les décideurs considèrent parfois que le volume des équipements installés garantit un niveau de sécurité optimal. « Ce qui est déployé n’est pas toujours suffisamment réfléchi et nous constatons que le nombre de caméras installées n’a pas de lien avec la pertinence du système » précisent les gendarmes

Ainsi, le choix judicieux de la technologie des caméras et de leur emplacement est plus important que leur nombre.

Vidéoprotection : quels objectifs ?

« Une caméra ne peut pas tout faire.Il existe des caméras pour chaque besoin » rappellent les intervenants.  Chaque caméra installée doit avoir une finalité bien précise. On parle fréquemment du principe de DORI qui donne le nombre minimum de pixels par mètre (PPM) à respecter pour que la caméra assure son rôle. Les besoins à ce niveau sont regroupés en 4 catégories :

  • La Détection : être capable de détecter une intrusion et de réagir vite ( 25 PPM) ;
  • L’Observation : pouvoir observer quelques détails comme des vêtements ou un type de véhicule (63 PPM) ;
  • La Reconnaissance : reconnaître quelqu’un ou lire une plaque d’immatriculation (125 PPM) ;
  • L’Identification : identifier sans aucun doute une personne, lire précisément une plaque (250 PPM).

Sur le terrain, les forces de sécurité constatent régulièrement que les systèmes installés dans les entreprises ne disposent pas d’une résolution suffisante permettant d’appréhender les malfaiteurs.

Un manque d’expertise fréquent

Le choix des caméras nécessite une expertise précise et résulte de la prise en compte de 3 contraintes :

  • la distance de la scène ;
  • sa largeur et sa hauteur ;
  • la finalité (DORI).

Il est difficile d’avoir une seule technologie pour couvrir la multitude des objectifs. Malheureusement, les installateurs n’ont pas toujours le niveau de compétence requis pour conseiller les caméras ad hoc d’où des surprises régulières quand l’incident survient.

Ce manque de conseil se vérifie aussi quand il s’agit de protéger le système de vidéosurveillance par lui-même. Mettre des caméras sur un réseau IP n’est pas sans risque et il est nécessaire d’avoir les spécialistes en sécurité IT pour ne pas créer de failles de sécurité.

Les gendarmes ont ainsi déconseillé l’utilisation de systèmes de communication par radio. Ils ont également insisté sur la nécessité d’installer les serveurs d’images dans des salles sécurisées avec contrôle d’accès et de ne surtout pas les laisser dans un poste de garde par exemple.

La vidéoprotection ne remplace jamais la présence humaine

Un message important a été passé à la fin de cette conférence :  la vidéoprotection a un rôle complémentaire dans un dispositif plus global. Il ne remplace pas la présence humaine, indispensable pour exploiter le système, effectuer les levées de doutes, interpréter « humainement » une situation et déclencher les interventions.

Il est néanmoins indéniable que la vidéoprotection, et en particulier les outils intelligents d’analyse de scène, peut réduire le besoin en ressources humaines, en particulier quand le nombre de caméras est important.